Mise en ligne le 4 décembre 2025
Lors de la réunion de rentrée du SESSAD Paris, réunissant parents et professionnels, un moment particulièrement émouvant a marqué les échanges : la prise de parole de Thaïs Gabaud.
À 21 ans, cette jeune femme paraplégique vient de réaliser un projet ambitieux et inspirant : la publication de son premier recueil de nouvelles. Devant toutes les personnes présentes, elle a pu parler de son livre avec une grande assurance et a tenu à remercier celles et ceux qui l’ont accompagnée dans cette aventure.
Nous souhaitons vous partager aujourd’hui ses histoires et nous lui donnons la parole à travers cette interview.
Bonjour Thaïs, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Thaïs : Bonjour, je suis Thaïs Gabaud et j’ai tout juste 21ans. Je suis une personne en situation de handicap depuis la naissance, paraplégique, je ne circule qu’avec un fauteuil électrique ou avec un déambulateur mais accompagnée pour ne pas tomber.
Pouvez-vous nous parler de vos études ?
Thaïs : Je suis en licence lettre et arts, 3eme année dans l’université Paris-Coté, à côté de la bibliothèque François Mitterrand. J’ai décidé de faire cette dernière année de licence en 2ans, car ce serai trop dur et stressant en 1an, sans compter les séances quotidiennes au SESSAD. J’ai des cours tous les lundi, mardi et jeudi. Avec l’aide d’un éducateur, je vais écrire une lettre de motivation pour faire un stage, si possible dans une bibliothèque ou une librairie.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce recueil de nouvelles ?
Thaïs : Je me suis inspiré du SESSAD, du travail de tous les jours des professionnels du SESSAD qui m’entourent, ils se retrouvent dans mes nouvelles. Ça fait longtemps que j’écris des petites histoires, ma première date de mes 12ans. C’est grâce à un prof de français que j’ai eu en classe de 5e que j’ai commencé à inventer des histoires et écrire.
Là je me suis orienté vers le thème de l’amour, même si ce n’est pas un thème qui est très proche de moi car, pour l’instant, je ne suis pas encore tombée amoureuse, qu’en livre. Je voulais transmettre mon amour dans mes nouvelles. J’ai ensuite écrit les 4 nouvelles en 4 mois, un mois par histoire.
Votre livre s’appelle « Là, où les failles laissent entrer la lumière », pourquoi ce titre ?
Thaïs : Je suis tombé un jour sur une chanson, Hallelujah de Léonard Cohen . J’ai traduit les paroles en français et je suis tombé sur cet extrait, où il dit « Là, où les failles laissent entrer la lumière », et je me suis dit « pas mal comme titre ! ».
Parmi les 4 nouvelles qui composent le livre, en avez-vous une qui compte particulièrement pour vous ?
Thaïs : Toutes ces histoires sont les miennes, c’est difficile de choisir… Je dirais « Ce que les autres ne voient pas ». Ça parle d’une histoire d’amour entre un éducateur et une psychologue. Je trouve ça important, qu’il n’y ait pas que les personnes en situation de handicap qui voient des psychologues, et je trouve qu’ils peuvent se retrouver dans cette histoire.
Votre livre a été imprimé en plusieurs exemplaires, qu’avez-vous ressenti en le voyant relié pour la première fois ?
Thaïs : J’étais toute joyeuse, c’était comme mon premier enfant. Je me souviens l’avoir ouvert en présence de ma mère et de mon frère, je me suis pris en photo avec, je l’ai même embrassé !
Vous avez offert des exemplaires, au SESSAD et à des parents de personnes accompagnées, qu’est-ce que ce geste représentait pour vous ?
Thaïs : J’ai aussi offert un exemplaire à mon professeur de lettre. Ça m’a fait du bien car je suis une personne qui aime offrir des cadeaux, donner des choses personnelles à mes proches.
Je voulais aussi offrir un message à travers ce livre. Ces histoires parlent d’un thème en particulier, et c’est le soin.
Et je me suis demandé : « les professionnels du SESSAD s’occupent des personnes, mais qui s’occupent d’eux ? Qui s’occupe des éducateurs, des psychologues, … ? ».
Votre livre est aujourd’hui accessible sur le site web d’Envoludia, qu’est-ce que ça vous fait de le partager à beaucoup plus de monde ?
Thaïs : J’en suis très heureuse, c’est la première fois que je vais peut-être me sentir comme une star ! Je partage quand même une partie de mon cœur.
Quels sont vos projets futurs ?
Thaïs : Là je viens de commencer d’autres histoires, je m’inspire de beaucoup de choses, surtout sur le thème de l’autonomie. J’espère pouvoir montrer la nouvelle au SESSAD l’année prochaine car c’est un thème qu’on aborde souvent. Je vais aussi m’orienter vers les romans d’aventures, j’aime beaucoup ça !
Un dernier message que vous voudriez faire passer ?
Thaïs : Pour les personnes en situations en handicap, osez, soyez vous-même, n’ayez pas peur du regard des autres. On a qu’une seule vie, alors vivons comme on veut, comme on le souhaite. Si tu as un rêve, il faut le poursuivre et l’accomplir.