Mise en ligne le 23 avril 2025
Le 15 avril 2025, le Centre pour enfants pluri handicapés (CEPH) Daviel, situé dans le 13ᵉ arrondissement de Paris, a eu l’honneur d’accueillir la secrétaire générale du Comité interministériel du handicap, Madame Céline Poulet et quelques membres de son équipe. Étaient également présentes Madame Clarisse Ménager, fondatrice du Mouvement CAA’pt et Madame Isabelle François, directrice générale de l’Institut motricité cérébrale.
Cette visite a été l’occasion de mettre en lumière l’approche historique de l’établissement en matière de Communication alternative et améliorée (CAA), véritable colonne vertébrale du projet éducatif et thérapeutique du CEPH.
« Il n’est pas nécessaire d’avoir une formation particulière pour commencer à communiquer avec un enfant, mais il faut avant tout avoir la volonté de le faire », rappelle l’équipe.
Et pour y parvenir, quoi de plus naturel que de s’immerger dès l’arrivée au CEPH dans un bain de langage non verbal : signes de la LSF, pictogrammes, dessins situationnels, photos, pictogrammes sous forme papier ou digitale, etc. Ici, tous les outils possibles sont utilisés par tous les professionnels, quel que soit son rôle dans l’établissement, pour permettre à chaque enfant d’exprimer ses besoins, ses envies, ses émotions, ses incompréhensions…
Au CEPH Daviel, la communication est multimodale et entièrement individualisée. Chaque enfant dispose d’un projet de communication personnalisé, co-construit avec lui, sa famille et les professionnels de l’équipe. Ce projet de communication est tout aussi important que tout ce qui a trait au médical, au paramédical et au scolaire. Chaque enfant est différent, et c’est cette singularité que le CEPH Daviel respecte et valorise.
« On ne peut pas imposer le même outil de communication sous prétexte que les professionnels savent l’utiliser », souligne Donatella Charter, mère de Lisa, 10 ans qui est accompagnée par le CEPH depuis 2021. Interprète en LSF, elle dispense gracieusement des cours de signes simplifiés un samedi par mois pour les parents et les professionnels qui le souhaitent. Ces temps de formation sont complétés par un groupe WhatsApp qui permet aux parents de la questionner pour décoder un signe utilisé par leur enfant, d’échanger sur les outils de CAA, de s’entraider et de partager des astuces du quotidien.
Interrogée par Céline Poulet sur la place de la communication dans l’inclusion sociale, Véronique Molinaro, mère de Blanche, 19 ans, accompagnée par l’établissement depuis 2013, et présidente d’Envoludia, résume :
« La CAA est indispensable dans la vie quotidienne. Cependant, l’inclusion sociale à l’extérieur du cercle connu de l’enfant n’est pas si simple. La vraie question, c’est la capacité de la société à accueillir la différence. Tant que les regards seront gênés, la communication seule ne suffira pas »
L’équipe du CEPH explique que la CAA ne se limite pas à l’établissement : elle accompagne les enfants dans leur vie quotidienne, y compris à l’extérieur (commerçants du quartier, établissements scolaires, lieux culturels et sportifs, etc.). L’objectif ? Leur donner les moyens d’être le plus autonome possible.
À l’occasion de cette visite, un petit groupe d’enfants accompagnés par des professionnelles sont allés au Café Framboise, situé à proximité de l’établissement pour partager un moment convivial avec Madame Poulet et échanger avec elle. Ce café a l’habitude d’accueillir les enfants du CEPH — l’un d’eux y a même effectué un stage lors du Duoday 2024.
Les enfants ont commandé en utilisant les outils qui leur sont propres : tablette, pictogrammes, signes de la LSF etc..
Une scène simple, mais riche de sens : la communication comme passerelle vers la vie « ordinaire ».
Cette visite aura permis de souligner à quel point la CAA, est loin d’être un simple outil. C’est avant tout une démarche, une posture pour rentrer en relation avec des personnes privées de parole, et par là même un levier fondamental pour la reconnaissance des personnes handicapées non plus comme des objets de soin mais comme des personnes en capacité de s’exprimer et d’être comprises par le plus grand nombre. Au CEPH Daviel, on ne parle pas à la place de l’enfant : on l’aide à prendre la parole, à sa manière.
Céline Poulet a souligné un enjeu clé : la continuité des outils et des pratiques, pour que l’enfant puisse se faire comprendre en tout lieu et tout au long de son parcours de vie, notamment lorsqu’il devient adulte, une étape qui rime trop souvent avec une rupture de communication. Elle rappelle également l’importance d’un travail de proximité à l’extérieur des établissements spécialisés :« La CAA doit être pensée comme une colonne vertébrale du parcours ».
Sensibiliser tous les acteurs d’un quartier à la CAA en proposant par exemple à un commerçant d’afficher un tableau avec quelques pictogrammes ou sigles en lien avec son activité, permet de créer des « lieux sûrs » pour les personnes handicapées.
Cela démontre à tous que ce commerçant est ouvert à la différence et qu’il est prêt à rentrer en communication avec des non parlants. C’est le signe pour les accompagnants, et les personnes handicapées, qu’il est ouvert au dialogue, en dépassant la différence : c’est un premier pas, un signe de « l’aller vers », et ce grâce à la CAA.