Mise en ligne le 17 octobre 2017
La confusion entre handicap mental et handicap physique est encore ancrée dans la société! Pour vous, qui lisez ces lignes, vous savez que les capacités physiques d’une personne ne sont pas corrélées à son niveau “d’intelligence” mais ce n’est pas le cas de tout le monde…
Étant infirme motrice cérébrale depuis 18 ans, je me déplace la plupart du temps en fauteuil roulant (et il m’arrive de baver : cela est encore plus “trompeur” !) dans les lieux publics. Je ne compte plus le nombre de fois où des personnes (connaissances, famille, médecins, professeurs, …) se sont adressées à mes parents tout en m’ignorant ou encore en parlant de moi à la troisième personne ; entre ces deux comportements je me demande encore ce que je préfère…
Dans ces moments, je me présente moi même et prends part à la conversation. Cette “performance” crée alors la stupéfaction des interlocuteurs ! Vous vous rendez compte, une personne handicapée s’exprime… et est même compréhensible ! Comment cela est-il possible, elle est en fauteuil roulant pourtant ! Deux réactions sont ensuite possibles. Ainsi certains interlocuteurs décident de m’ignorer … ils considèrent que ce n’est pas parce que je suis capable d’énoncer quelques phrases que je suis capable de tenir une conversation. C’est pour ces situations que j’hésite à m’accrocher une pancarte “je comprends tout ce que l’on me dit” mais la présence du fauteuil roulant ajoutée à celle de la pancarte, cela pourrait être stigmatisant ! D’autres interlocuteurs comprennent leur erreur …. Et continue leur conversation en s’adressant directement à moi ! Cela souligne bien le manque crucial d’information sur le handicap.
Une autre situation est aussi fréquente, au quotidien. Dans un premier temps on me demande mon prénom, que j’énonce alors. Puis, dans un second temps, l’interlocuteur repose la même question à mes amis ou mes parents qui m’accompagnent (si je suis accompagnée … Quand ce n’est pas le cas, ils s’empressent de me demander où sont mes parents). Après plusieurs années de vécu, mes parents ont même tendance à répondre directement à ma place car ils savent que l’on va leur reposer la question.
Enfin, chez certaines personnes la méconnaissance du handicap est telle que leur attitude est digne d’une comédie, il m’arrive de chercher la caméra cachée. C’est ainsi qu’une personne, me connaissant depuis plusieurs semaines, après avoir échangé avec moi quelques mots (surtout pas des phrases… Comment aurais je fais pour comprendre sinon !), a décidé de jouer à “cache-cache” avec moi …Vous savez ce jeu, qu’adorent les enfants d’un an, consistant à se cacher les yeux “pour disparaître ». Mais j’avais alors 16 ans !
Je voudrais donc remercier toutes ces personnes grâce à qui j’ai développé un sens de la diplomatie important. Et leur rappeler que l’IMC n’est pas uniquement l’indice de masse corporel !