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Padovan

PADOVAN ou la réorganisation neuro-fonctionnelle

Avec l’aimable collaboration de Mme Marie-Hélène Grzybowska, orthophoniste et praticienne Padovan (Paris 17)

La Réorganisation Neuro-fonctionnelle (RNF) ou méthode Padovan a été développée au Brésil dans les années 70 par Beatriz Padovan.

Formée en logopédie et avec de vastes connaissances en orthodontie et en neurologie, elle débuta ses recherche en partant de l’observation de certains de ses élèves dyslexiques dont les difficultés scolaires persistaient malgré un appui soutenu en dehors des cours et une pédagogie adaptée.

La méthode Padovan consiste en une approche thérapeutique globale de développement neurosensoriel et fait appel à la notion de plasticité cérébrale. Elle est dite « neuro », car elle s’adresse au système nerveux et « fonctionnelle » car elle stimule toutes les fonctions dirigées par le système nerveux : motrices, sensorielles, limbiques, émotionnelles, végétatives, langagières et cognitives. Le canal utilisé pour s’adresser au cerveau est le mouvement (fonction motrice).
Selon madame Padovan, «lorsqu’ un problème survient dans l’organisation neurologique ( retard de développement de quel qu’ordre qu’il soit et quelle qu’en soit l’origine…), quelle que soit la fonction touchée, c’est tout le système qui est en péril. » Comme si toutes les fonctions étaient les branches d’un arbre, interdépendantes les unes des autres, et dépendantes d’un tronc commun : le système nerveux. Chez l’être humain, la maturation cérébrale se fait selon un schéma toujours identique. Ce que la méthode Padovan appelle “marcher, parler, penser”. « Il ne s’agit donc pas de travailler sur le symptôme, mais de récapituler l’intégralité de la chaîne neuro-évolutive pour reconstruire la ou les zones mal développées ou lésées. »

Des mouvements rythmés qui récapitulent les grandes étapes du développement de l’enfant

Madame Padovan, pour mettre au point cette méthode, s’est appuyée sur des écrits en pédagogie de Rudolf Steiner ainsi que sur les travaux en neurologie du neurochirurgien américain Temple Fay.
Les travaux de Rudolf Steiner portent sur l’interrelation entre les trois activités exclusivement humaines (marcher – parler – penser). Ceux de Temple Fay portent sur le lien entre l’organisation neurologique et les étapes du développement de l’enfant.
La réorganisation Neuro-Fonctionnelle est donc fondée sur la récapitulation de l’ontogénèse (science qui étudie le développement d’un individu de la conception à l’âge adulte) motrice et sensorielle.
Mme Padovan, à partir des observations de Temple Fay, propose de récapituler, en une séquence précise, tous les mouvements de base :
Ce sont des exercices qui récapitulent la genèse des premiers mouvements conduisant l’enfant de la position horizontale à la posture verticale, puis exercices autour du développement et de la motricité fine des mains et des yeux ainsi que de la coordination oculo-manuelle.

Enfin, à cette récapitulation de mouvements corporels, elle ajoute le fruit de ses propres recherches sur la maturation neurologique des fonctions de la bouche en lien avec le « parler » : pour parler, nous utilisons les mêmes circuits neuronaux et les mêmes muscles que pour respirer, mastiquer, déglutir. Les derniers exercices de la séance porteront donc autour des fonctions neurovégétatives (respiration, succion, mastication, déglutition), fonctions dites prélinguistiques.

Régularité et répétition

Comme toute thérapie basée sur la plasticité cérébrale, elle nécessite de la régularité et de la répétition.
Trois éléments sont ainsi indispensables dans la réalisation de ces mouvements :

  • Le rythme : chaque mouvement se fait accompagné de poèmes ou comptines récités par le thérapeute et choisis pour la qualité de leur rythme (adapté au mouvement proposé). Ceci afin de stimuler l’attention, l’audition et l’imagination ainsi que favoriser la synchronisation des mouvements.
  • La répétition et la régularité : il est nécessaire de répéter les séances afin que le système nerveux intègre les mouvements et mette en place de solides connections synaptiques. Ainsi la pratique d’un minimum de 2 séances par semaine de manière très suivie est indispensable. Il est possible aussi d’envisager des « cures » : pour un minimum de 20 séances, à raison de 2 séances par jour pour les enfants de plus de 7 ans, 1 séance par jour pour les tout-petits.
  • Les séances durent minimum quarante-cinq minutes.

Pour qui ?

Tous les enfants présentant un retard de développement (prématurité, maladie génétique, anoxie néonatale, paralysie cérébrale… Des enfants présentant des troubles des apprentissages, de l’attention… Des enfants présentant des troubles d’intégration neuro sensoriel, de l’oralité, etc.

Les adultes sont tout à fait concernés aussi par ce type de travail en RNF en cas d’AVC, de traumatisme crânien tout comme les patients présentant des maladies génétiques qui peuvent tirer profit de ce travail sur l’intégration neurosensorielle globale. En effet, pour la plupart des maladies génétiques, on remarque encore une fois que plusieurs fonctions sont souvent touchées (motrices, langagières, cognitives, comportementales).

Qui pratique cette méthode ?

Différents praticiens pratiquent la méthode Padovan : orthophonistes, psychomotriciens, kinésithérapeutes, psychothérapeutes, ergothérapeutes…Quelle que soit leur formation initiale, tous pratiquent la méthode de la même façon.

Actuellement, cette discipline est enseignée à l’Université au Brésil mais aussi dans des pays du monde entier (Canada, France, Allemagne, Afrique du Nord etc.) sous forme de formation continue par la fille de Béatriz Padovan, le Dr Sonia Padovan, médecin spécialisée en neuropsychiatrie et en psychothérapie d’enfants et adolescents et homéopathe.

Pour obtenir la liste des thérapeutes de votre région, vous pouvez contacter l’association Synchronicité qui relaie la méthode en France : https://padovan-synchronicite.fr/

Témoignage

En tant que praticienne Padovan, je peux témoigner des résultats réels et durables obtenus chez bon nombre de patients. La précocité de la prise en charge est un plus pour l’évolution et les progrès. Je pratique cette méthode avec des patients trisomiques : chez ces patients, surtout chez les tout-petits, de vrais progrès sont à noter en particulier au niveau de l’hypotonicité et des appuis. La régularité de la pratique, avec une aide bien ferme et contenante leur permet de passer par le 4 pattes et à maintenir leur tête, posture souvent difficile à exécuter du fait de l’hypotonicité.
Chez les enfants IMC, l’organisation neurologique étant appelée à évoluer grâce à la plasticité cérébrale, cette méthode a des effets positifs sur la spasticité, surtout si la prise en charge est précoce : chaque mouvement est accompagné, là aussi, avec un maintien doux et ferme, dans le plus grand respect des possibilités de chacun et en aménageant si besoin l’installation de l’enfant à l’aide de coussins, afin de laisser le moins de prise possible à la spasticité (coussins sous les genoux pour éviter l’hyper extension, coussin sous la tête… ). Aucun mouvement ne sera supprimé, ils seront proposés avec aménagements. Les douleurs possibles de l’enfant seront évidemment prises en compte et guideront le thérapeute dans son travail.
La séquence d’exercices est la même quelle que soit la pathologie. L’aide apportée à la réalisation est adaptée et évolue avec les progrès.

Marie-Hélène Grzybowska

Pour aller plus loin

La fiche du Centre ressource Multihandicap : http://www.crmh.fr/crmh/custom/module/cms/content/file/Fiches_methode/padovan2.pdf